Article N° 2

Mon ami lecteur : Je rajoute ma goutte d’eau dans l’immensité du net pour vous livrer ces quelques réflexions. Bien sûr elles sont discutables. Je n’aurai pas ici la prétention de pointer la vérité, mais peut être pousser une porte qui sera initiatrice d’un débat autour d’une table de bistrot… Pour ma part, je cours depuis plus de 10 ans et la montagne est mon terrain favori. Tout seul, entre ami, de jours de nuit, par tout temps et un peu partout dans notre cher pays, j’en suis toujours revenu à la montagne et à la course … mais pourquoi ?
Quel est le feu qui nous anime ? Quels sont nos objectifs ?

Bien évidemment on  pensera en premier lieu à la performance, à l’entretien physique, aux programmes de régimes fitness, ou alimentaires, aux préparations pour d’autres disciplines comme l’alpinisme ou les sports collectifs… Tout au long de ces quelques années, mes objectifs ont évolués. Ils ont mûri, grandi… au début on cours pour découvrir. « Pour s’y mettre » comme une résolution de premiers de l’an. Et puis on y retourne une fois, deux fois, trois fois… en passant devant le magasin de sport du quartier on fini par acheter une paire de running. C’est motivant, on continue !  
Le printemps arrivé, on décide de s’inscrire à la course du village d’à côté. C’est ici que notre première montre cardio fait sa apparition. On navigue sur le net, on regarde les grandes courses des étoiles plein les yeux…   L’été. Il fait chaud. On se motive une fois ou deux pour se lever bonne heure et courir à la fraîche. Puis on finit par y aller moins souvent. Le boulot, la famille, les vacances… arrive la rentrée scolaire on n’a plus le temps, les jours raccourcissent… on finit par se lever un bon matin en disant « faudrait que j’y retourne… » Quelques semaines passent, certains vivent même de la culpabilité ! Les vidéos proposées sur ton compte You tube  te font au mieux décrocher 5 minutes le soir avant d’aller au lit. Un soir en rentrant du travail, agacé par ci ou ça, tu prends tes chaussures, et tu y retournes. « chéri j’ai besoin de me défouler, j’ai besoin de faire sortir tout ce qu’il y a dedans » les objectifs changent. La course devient un exutoire, un défouloir. Tu cours vite, jusqu’à t’en faire cracher tes poumons, et jusqu’à avoir le goût du sang dans la bouche. Le pire c’est qu’on aime ça ! Comme si le cerveau était anesthésié, il ne pense plus à rien… mais tu cours sans réfléchir, sans faire gaffe à ce genou qui te taquine depuis quelques temps… L’histoire se termine quelques jours plus tard chez ton médecin qui te dit stop pour au moins 2 mois. Il faut alors gérer ce qu’il y a à l’intérieur, et retrouver un exutoire. Arrive l’été suivant, « chéri, j’ai besoin de courir » après 3 infiltrations, 10 boites d’anti inflammatoires, 4 médecins différents, rien à faire, on continue… ça devient maladif, c’est la bigorexie. ( = dépendance au sport ) Force est de constater qu’il faut gérer une dominante psychologique sous jacente très importante. Quelques mois plus tard, résolu à faire un vrai break et fort de notre expérience la motivation change. De toute façon tes articulations te le font bien savoir. Ce break nous permet de comprendre le pourquoi du comment. On continue à mûrir. Et si finalement on essayait de courir, juste pour le plaisir. Nos ancêtres couraient pour chasser. N’avons nous pas gardé ce besoin primaire dans nos gènes ? Je me souviens ma première sortie sans montre, sans musique. Juste la nature et moi. Qui aurait cru que je m’arrête en pleine séance juste pour admirer, m’amuser aux questions réponses en sifflotant avec ce petit oiseau tout mignon. Le bonheur. On réfléchit, et finalement si la course n’était qu’une camarade de bonheur ? Et toi pourquoi tu cours ?
Sébastien Ramos